Le courant triphasé : de quoi s'agit-il exactement ?
Le
courant triphasé est un système de distribution électrique constitué de trois
conducteurs de phase (L1, L2, L3), accompagnés le plus souvent d’un neutre (N)
et d’une prise de terre (PE). Chaque phase est décalée de 120 degrés par
rapport aux autres, ce qui permet une meilleure répartition et stabilité du
courant. En Europe, la tension entre une phase et le neutre est généralement de
230 volts, et de 400 volts entre deux phases. Dans une installation classique,
un projecteur LED ou une régie légère utilise une alimentation monophasée (230
V), tandis que des équipements plus puissants, comme des moteurs de levage ou
des machines à fumée, peuvent être directement alimentés en triphasé 400 V.
Pourquoi le triphasé est-il essentiel en événementiel ?
Le courant triphasé permet une puissance
électrique disponible bien plus importante qu’un simple branchement monophasé.
Une seule prise triphasée de 32A peut délivrer jusqu’à 22 kW en condition
réelle. De plus, cette configuration permet de réduire la section des câbles
nécessaires, car la puissance est répartie entre les trois phases. Le triphasé
offre aussi une compatibilité directe avec les armoires de répartition
professionnelles et permet une distribution plus souple, avec la possibilité de
tirer du monophasé depuis une même source triphasée. Par exemple, un événement
rassemblant un éclairage de 12 kW, une sonorisation de 4 kW et une régie vidéo
de 6 kW pourra être alimenté efficacement à partir d’une seule arrivée
triphasée de 32A si la charge est bien répartie.
L'équilibrage des phases : une règle d'or
Dans
une distribution triphasée, il est essentiel de répartir les charges de manière
équilibrée entre les trois phases L1, L2 et L3. Un déséquilibre important peut
entraîner des échauffements anormaux, des déclenchements intempestifs de disjoncteurs,
voire une baisse significative de la performance globale. Prenons l’exemple
d’une phase L1 recevant à elle seule 8 kW de projecteurs, tandis que L2 et L3
portent respectivement 1 kW et 0,5 kW : un tel déséquilibre risque d’entraîner
une surcharge sur L1 et une coupure potentielle. Une meilleure répartition
consisterait à répartir les charges comme suit : 3 kW sur L1, 4 kW sur L2 (dont
les projecteurs LED), et 2,5 kW sur L3 (incluant la sonorisation). Ce type de
configuration permet un fonctionnement sécurisé et optimisé
Répartition pratique selon les équipements
Dans un contexte événementiel, chaque type
d’équipement a ses spécificités. L’éclairage, qu’il soit traditionnel ou LED,
doit être réparti autant que possible entre les phases pour lisser la charge.
La sonorisation, souvent sensible aux perturbations, est généralement placée
sur une phase dédiée. Pour les équipements vidéo ou les régies, il est
recommandé de les placer sur une phase stable, parfois protégée par un
onduleur. Ces bonnes pratiques permettent d’éviter les interférences entre
appareils et de préserver la qualité du signal électrique transmis.
Matériel nécessaire pour la gestion triphasée en événementiel
Une
installation triphasée professionnelle s’appuie sur plusieurs éléments indispensables.
Parmi eux, on retrouve les connecteurs CEE en 16A, 32A, 63A ou 125A triphasés,
les câbles HO7RN-F renforcés et flexibles (souvent en 5G, soit cinq conducteurs
pour trois phases, un neutre et une terre), ainsi que des armoires de
répartition permettant de distribuer une seule arrivée triphasée en plusieurs
départs adaptés. Enfin, l’utilisation de pinces ampèremétriques est fortement
conseillée pour surveiller la consommation sur chaque phase et réajuster
l’équilibrage si nécessaire
Cas d’usage concrets
Prenons quelques exemples d’application :
dans un concert, on placera généralement les projecteurs halogènes sur L1, les
LED sur L2 et la sonorisation sur L3. Dans un salon professionnel, L1 pourra
être utilisé pour un mur LED principal, L2 pour l’éclairage des stands, et L3
pour les régies techniques. Pour un festival en plein air, plusieurs armoires
triphasées réparties sur le site permettront d’alimenter chaque zone en
équilibrant soigneusement les phases : scène, coulisses, espaces de restauration
ou zones techniques seront ainsi correctement répartis.
Sécurité : les réflexes à adopter
La sécurité reste la priorité dans toute
installation électrique. Il faut toujours vérifier que la section des câbles
est adaptée à la puissance demandée et à la longueur de la ligne, car une
distance importante nécessite une section supérieure. Il est impératif de ne
jamais improviser un passage de triphasé en monophasé sans utiliser un
adaptateur homologué. Le respect des couleurs normalisées des conducteurs est également
fondamental : marron, noir et gris pour les phases, bleu pour le neutre,
vert-jaune pour la terre. Une surveillance régulière des intensités par phase,
à l’aide d’une pince ampèremétrique, permet de prévenir les déséquilibres.
Enfin, chaque départ doit être protégé par un disjoncteur différentiel adapté.
Ce qu'il faut retenir
Le courant triphasé est aujourd’hui un
outil indispensable pour la distribution électrique dans les événements. Il
offre une puissance importante, une répartition intelligente de la charge et
une grande souplesse dans la mise en œuvre des installations. Mais son
efficacité repose sur un principe clé : l’équilibrage des phases. Maîtriser
cette notion, c’est garantir la sécurité du public, la fiabilité du matériel et
la réussite de la prestation. Avant chaque installation, il est vivement
recommandé de contrôler les charges phase par phase afin d’ajuster la
répartition et d’éviter tout désagrément technique.